
Une rencontre décisive...
Celle de Jacques Thiebaut, aux assises du yoga d’Avignon en 1980. Leurs échanges alimenteront cette nouvelle approche d’un yoga sans dégâts adapté à la femme enceinte. Jacques Thiebault, kinésithérapeute et professeur d’anatomie à l’École Française De Yoga, véritable « chercheur en mouvement » qui analysait les principales postures du Hatha yoga tout en se posant les questions : Pourquoi fait-on ça ? Qu’attend-on de la posture ? Du résultat obtenu ? Sinon pourquoi ? La posture ne correspond pas à la personne, de mauvaises consignes ou mal comprises ? Ce questionnement correspondait exactement à l’application du yoga à la grossesse : Une même posture pouvait être source de bien être pour une personne ou de tension pour une autre avec des effets qui varient au fil des mois. Ce qui justifie pleinement cette nouvelle approche dite « biomécanique ».
Le « Yoga Prénatal » que Bernadette de Gasquet a ainsi élaboré avec les futures mamans qui suivent ses cours, sera mis en lumière aux Rencontres Internationales du yoga de Zinal.(1982) Bien que les pratiques dans les maternités soient encore à l’opposé : Bassin bloqué sur la table d’accouchement, position demi-assise pour le travail, position gynécologique pour la poussée, respiration thoracique, poussée « bloquée », elle rencontre rapidement l’adhésion des mères. Car ce qu’elle propose, ce sont d’autres positions d’accouchement ou du moins des adaptations de la position gynécologique, qui modifient les dimensions du bassin et détendent le périnée. Elle insiste pour attendre le réflexe expulsif ou pousser en expirant pour éviter les descentes d’organes.

Combler un manque
Le manque de reconnaissance du monde médical pousse Bernadette de Gasquet à faire des études de médecine à 38 ans (alors qu’elle a 3 enfants). C’est à l’âge de 46 ans qu’elle obtient son diplôme. En 1993, sa thèse sur l’incontinence due à l’accouchement reçoit le prix de la Fondation de France (Fondation Polivex pour la recherche sur l’incontinence), à l’unanimité du jury de la SIFUD (Société internationale francophone d’urodynamique). Elle est depuis la spécialiste du « périnée féminin » et reconnue comme telle. Avant-gardiste, elle a réalisé en 1984 en collaboration avec Alain Bourcier « le Périnée féminin » un film qui montre une femme enceinte découvrant son périnée dans différentes postures, en fonction de la respiration et selon le type de poussée. Avant-gardiste aussi avec un livre qui deviendra la référence de toutes les sage-femmes « Bien être et maternité » ou comment à partir du yoga et d’explications biomécaniques revisiter le prénatal, l’accouchement et l’après bébé.
Toujours en recherche, le Dr Bernadette de Gasquet développe la « biomécanique materno fœtale » selon les positions d’accouchement. De nombreuses maternités, des écoles et beaucoup de sage-femmes libérales sont intéressées et veulent se former aux nouvelles pratiques De Gasquet. Ses recherches ne s’arrêtent pas là. Elle étudie les effets néfastes de toutes les poussées, notamment dans les domaines suivants : le sport (abdo type crunch), les pathologies respiratoires, la poussée pour aller à la selle (problème de constipation), la vie quotidienne. Cette approche plus large trouvera sa place dans le sport de haut-niveau. Un congrès « Sport et Périnée » rapprochera l’INSEP de l’Institut de Gasquet ainsi que de grands noms du sport comme Clarisse Agbegnenou et Teddy Riner.
Le Dr. Bernadette de Gasquet voit le yoga se développer en Europe et dans le monde occidental comme une panacée magique mais s’inquiète des dégâts que peut causer une pratique non adaptée, non contrôlée. C’est ce qu’elle dénonce et corrige dans son livre « Yoga sans dégâts ». Son yoga est sécuritaire, éducatif et amène chacun à mieux se connaître, à se faire du bien. C’est un yoga du quotidien qui s’applique aux sportifs, aux séniors, aux problèmes de périnée, de dos. Aujourd’hui, reconnue dans le monde entier par les professionnels de santé, elle est aussi connue du grand public par ses ouvrages très accessibles. Ayant été patiente avant d’être médecin, elle tient à garder un langage grand public. Son enseignement veut rester fondé sur le ressenti et non sur la théorie.